LE SUTRA D 'OR DE FEU 4


“Fire Wheel”
Virginia Heinen

Virginia Heinen

Chapitre 12 : Le traité “Instructions aux rois divins“

Je me prosterne devant le Vainqueur transcendant, le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfait et pleinement accompli Fleur Précieuse, Océan de Vertus, Lapis Lazuli, Montagne d'Or de Noble Couleur, Glorieuse Splendeur Dorée6. Je me prosterne également devant Shakyamuni (le Sage des Sakya), le Vainqueur transcendant, le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfait et pleinement accompli dont le corps est orné de centaines de milliers des millions de vertus et qui fait briller ce flambeau de la Doctrine. Je me prosterne également devant la grande divinité Shri, moisson de vertus aux bénédictions excellentes et illimitées. Je me prosterne également devant la grande divinité Sarasvati, union des innombrables qualités de sagesse

A un certain moment, en une certaine occasion, le roi Balendraketu (Apogée de Pouvoirs) s'adressa ainsi à son fils, le roi Ruciraketu (Summum de Beauté), qui venait d'être couronné et récemment installé dans la royauté.

– Mon fils, autrefois, peu de temps après mon couronnement, ton grand- père, Varendraketu (Apogée de Pouvoirs Suprêmes), me remit un traité pour les souverains, intitulé Instructions aux rois divins. Pendant vingt mille ans, j'ai exercé ma souveraineté selon ce traité royal et, à aucun moment, je n'ai entretenu de pensée contraire à la Doctrine. Mon fils, si tu désires savoir en quoi consiste ce traité royal, écoute attentivement.

Et, à cet instant précis, par ces vers, la déesse de la dynastie enseigna longuement et parfaitement au roi Balendraketu, fils du roi Ruciraketu, le traité royal intitulé Instructions aux rois divins :

Pour le bien de tous les êtres Je vais expliquer le traité royal Qui élimine tous les doutes Et détruit toutes les fautes.

Mains jointes, écoutez avec déférence La totalité des instructions aux rois divins Qui réjouissent l'esprit De chacun des dieux.

Sur la reine des montagnes Vajrakara (Source de Diamants), Durant une réunion de tous les seigneurs des dieux, Les protecteurs du monde se sont levés Pour interroger le puissant Brahma :

“Ô Brahma, dieu souverain, Seigneur des dieux, Veuillez éliminer nos doutes En répondant à nos questions.

Pourquoi un roi né parmi les hommes Est-il qualifié de “divin” ? Et pour quelle raison un roi

6 Sct. Ratnakusumagu ̊as›garavai ̃Òryakanakagirisuvar ̊ak›ñcanaprabh›saŸrı. 56Est-il appelé “fils des dieux” ?

Comment se fait-il qu'un dieu Né ici, dans le monde des hommes, Se considère humain Et, parmi les hommes, exerce la fonction de roi ?“

Les protecteurs du monde Questionnèrent ainsi le puissant Brahma. Le premier des dieux Leur répondit de cette façon :

“Protecteurs du monde, Puisque vous m'interrogez ainsi, Pour le bien de tous les êtres, Je vais révéler un traité sacré.

Je vais expliquer la raison pour laquelle Ceux qui naissent parmi les hommes Ont une naissance royale Et gouvernent leur pays.

Bénis par les seigneurs des dieux, Ils pénètrent la matrice de la mère. Celle-ci ayant été bénie des dieux, Ils entrent dans son ventre.

Naissant dans le monde humain, Ils deviennent des seigneurs des hommes, Mais, puisqu'ils viennent des dieux, Ils sont appelés fils des dieux.

“Tu es le fils de tous les dieux“, Proclament les dieux [du domaine des] Trente-trois En leur transmettant la fortune d'être rois Et d'apparaître comme seigneurs des hommes,

Pour éliminer les actions négatives, Supprimer ce qui est contraire à la Doctrine, Encourager les êtres aux actions positives Et les établir dans les domaines célestes.

Que le seigneur des hommes soit un homme, Un dieu, un gandharva Un paria ou un cannibale, Il évite toujours les actions négatives.

Le seigneur des hommes est le père De ceux qui accomplissent des actes positifs. Il a été béni par le roi des dieux

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Pour révéler le résultat de la maturation.

Il a été béni par le roi des dieux Pour montrer le mûrissement Des bonnes actions Et des mauvaises actions dans cette vie.

Lorsqu' un roi permet que des injustices Soient commises dans son pays, S'il s'abstient de punir légitimement les malfaiteurs Et tolère les mauvaises actions,

Ce qui est contraire à la Doctrine se multiplie. Querelles et tromperies prolifèrent dans le pays Et cela irrite les dieux Qui résident dans le domaine des Trente-trois.

Lorsqu' un roi permet que des injustices Soient commises dans son pays, Le mensonge jamais ne finit Et les pires violences ravagent le territoire. Des armées ennemies l'envahissent Détruisant richesses et traditions.

Ceux qui ont accumulé des richesses Se les disputent mutuellement Au moyen de mille tromperies.

Si un roi n'accomplit pas Les actions qui lui incombent, Il détruira son propre état Comme un puissant éléphant piétine un étang.

Des vents violents souffleront, Des pluies diluviennes se déverseront, Des éclipses solaires et lunaires apparaîtront Et les constellations entreront en opposition.

Si le roi ne remplit pas ses obligations, Semences, récoltes, fleurs et fruits Ne mûriront pas à temps Et des famines surviendront.

Si le roi permet Des injustices en son pays, Les dieux, dans leurs domaines respectifs, Seront furieux.

Tous les rois des dieux Se diront mutuellement : “Ce roi n'applique pas la Doctrine

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Car il se tient du côté opposé au Dharma.“

En peu de temps, ce roi Aura provoqué la colère des dieux Et, par cette colère des dieux, Son pays sera détruit.

Dans ce pays apparaîtra tout ce qui est contraire à la Doctrine, Les commerces seront ruinés Et, de tous côtés, surgiront Tromperies, querelles et maladies.

Le seigneur des dieux sera furieux, Les dieux mépriseront ce pays Qui sera détruit. Et le roi se verra accablé de peine.

Il sera séparé de ses proches, De ses frères et de ses fils, Il sera séparé de sa femme chérie Ou bien sa fille mourra.

Des pluies de météores Et de faux soleils apparaîtront, Ainsi que des invasions d'armées ennemies Et de nombreuses famines.

Son général et son éléphant Seront vaincus et trépasseront. Peu après, ses chevaux et ses chamelles Seront également vaincus et mourront.

Les gens se disputeront Propriétés, biens et richesses. Avec des armes, les régions Se battront les unes contre les autres.

De toutes parts, surgiront Disputes, querelles et tromperies. Dans les provinces apparaîtront De cruels démons et de terribles maladies.

De plus, les personnes les plus distinguées Ne possèderont plus la Doctrine ; Les ministres et leurs assistants En seront également privés.

On vénérera Des personnes sans Doctrine Et celles qui la détiennent

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Seront constamment maltraitées et opprimées.

Le fait que les personnes dépourvues de Doctrine Maltraitent et oppriment celles qui la détiennent, Déchaînera les trois éléments : Les eaux, les astres et les vents.

Le fait de suivre ces personnes sans Doctrine Provoquera trois destructions complètes : L'essence du pur Dharma, La santé des êtres et le suc de la terre.

Du fait que l'on respecte des gens malhonnêtes Et méprise les saints, Trois choses apparaîtront : La mort, la foudre et la faim.

De plus, disparaîtront Le bon goût et le bel aspect des fruits et des récoltes. Et, dans toutes les régions, Les êtres seront victimes de maintes maladies.

Les fruits sucrés et volumineux De ces différents lieux Deviendront petits Amers et piquants.

Les objets de divertissement, Incitant au jeu, au rire et au plaisir, Perdront leur enchantement pour devenir déplaisants Et des perturbations par centaines causeront une grande agitation.

Récoltes et fruits Perdront leur huile et leur jus, Si bien que le corps, les éléments et les organes N'en tireront aucune satisfaction.

Les êtres auront un vilain teint, Peu d'énergie et la peau sur les os. Même s'ils consomment de nombreux aliments, Ils ne seront pas rassasiés.

Ainsi, ils perdront Force, pouvoir et énergie. En tous lieux, les êtres Deviendront déprimés.

Tourmentés par toutes sortes de maux, Ils subiront de nombreuses maladies, Seront affligés par les planètes, les constellations

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Et divers esprits malins.

Privé de la Doctrine, le roi Demeurera du côté du mal. Les trois sphères, les mandalas des trois mondes, Seront détruits.

Lorsqu'un roi encourage La propagation de mauvaises actions, Dans tout le pays, De telles disgrâces adviendront.

S'il autorise les mauvaises actions, Le roi ne remplit pas Son rôle de gouvernant Pour lequel les dieux l'ont béni.

Les êtres qui accomplissent de bonnes actions Naissent comme dieux dans les domaines célestes, Ceux qui en accomplissent de mauvaises vont chez les esprits avides, Dans les enfers ou le monde animal.

Lorsqu'un roi tolère de mauvaises actions Sur son territoire, Par ce méfait il chute Du domaine céleste des Trente-trois.

S'il ne remplit pas son rôle de gouvernant, Ses fils ne le feront pas non plus Et ses ancêtres, rois divins, Verront le pays tomber dans la disgrâce.

Lorsqu'en raison d'une incessante agitation, La frayeur s'est emparée du pays, Les seigneurs des dieux Bénissent le roi de la terre des hommes.

Il est fait roi Pour apaiser les actions négatives, Encourager les actions positives, Faire mûrir les êtres en cette vie.

Il est nommé roi Pour montrer la différence Entre bonnes et mauvaises actions Et la maturation de leurs effets.

Pour son propre bien, pour celui des autres, Pour le bien de la Doctrine et du pays, Il est béni par les assemblées de dieux

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Et il réjouit aussi les divinités.

Pour subjuguer les malfaiteurs Parmi les gens du royaume Et pour le bien de la Doctrine en son pays, Il devra donner sa vie et sa souveraineté.

Tolérer ce qui est contraire à la Doctrine Et relâcher sa surveillance Anéantissent le pays ; Il n'est rien de pire.

Si, lorsque des méfaits se produisent, Leurs auteurs ne sont pas corrigés, Dans tout le pays se déclencheront D'incessantes hostilités.

Le pays sera totalement anéanti, Comme les éléphants piétinent un grand étang. Les seigneurs des dieux se mettront en colère Et leurs demeures seront entièrement démolies.

Toutes les choses du royaume Deviendront impropres. Aussi, doit-on corriger tous ceux qui commettent des fautes Selon la gravité de leurs erreurs.

Il faut défendre le pays selon la Doctrine Et ne rien faire qui lui soit contraire. Même au prix de sa vie, Il faut agir sans partialité.

Envers tous les sujets, Qu'ils fassent partie de sa famille ou non, Le roi devra adopter la même attitude Et se montrer équitable.

Lorsque le roi agit selon la Doctrine, Sa renommée emplit les trois mondes Et, dans les résidences du domaine des Trente-trois, Les seigneurs des dieux se réjouissent et disent :

“Sur le continent de Jambudvipa, Ce roi qui gouverne selon la Doctrine, L'enseigne dans tout le pays Et encourage les êtres aux bonnes actions, est mon fils.

Par ses bonnes actions, ce roi Conduit les êtres jusqu'à nous Et remplit les demeures célestes

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De dieux et de fils de dieux.“

Dans le pays où la Doctrine est enseignée Les rois [des dieux] sont heureux. Satisfaits, les seigneurs des dieux Protègent ce roi des hommes.

Le soleil, la lune et les constellations Se déplacent harmonieusement. Le vent souffle en temps opportun Et les pluies tombent quand il faut.

Dans les demeures célestes, Comme dans le royaume, les années sont prospères Et les domaines célestes Se remplissent de dieux et de fils de dieux.

Ainsi, le roi qui, Sacrifiant sa propre vie N'abandonne pas la Doctrine des Trois Joyaux Fait régner la félicité dans le monde.

Se fiant à ceux qui respectent la Doctrine Et disposent de maintes qualités, Il devra toujours être agréable aux autres Et abandonner le mal à tout moment.

Il devra protéger le pays selon la Doctrine, L'enseigner correctement, Encourager les êtres à poursuivre les bonnes actions Et à éviter les mauvaises.

Si ceux qui commettent de mauvaises actions Sont corrigés justement, Les années seront prospères dans le pays, Le roi rayonnera de splendeur

Jouira d'une grande célébrité Et protègera ses sujets sans difficultés.“

Ainsi s'achève le traité “Instructions aux rois divins“, douzième chapitre de ce roi du recueil des soutras intitulé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 13 : Le roi Susambhava (Bien Né)

Lorsque je devins monarque tournant la roue, Je renonçai à la terre avec ses océans Et j'offris aux bouddhas du passé Les quatre continents emplis de joyaux.

Pour obtenir le Corps absolu, Il n'est pas un seul objet attrayant du passé Auquel je n'aie pas renoncé, Y compris mes vies durant tant d'éons.

Jadis, dans d'innombrables ères passées, Lorsque le Sugata Ratnashikhin Montra le passage dans l'au-delà des peines, Vint un roi nommé Susambhava

Monarque universel tournant la roue, seigneur des quatre continents Et maître de la terre jusqu'aux confins de l'océan.

Pendant que ce saint roi dormait Dans le palais de Jinendraghosa (Protection du Pouvoir Royal), Il entendit en rêve les qualités du Bouddha Et vit l'enseignant de la Doctrine, Ratnochaya (Monticule de Joyaux), Exposer clairement ce roi du recueil des soutras dans un halo de lumière.

Lorsque le roi se réveilla, Son corps tout entier rayonnait de joie. Enjoué, il quitta son palais et se dirigea Là où se trouvait la suprême communauté des auditeurs.

Il honora les disciples du Vainqueur Puis demanda : “Parmi cette communauté d'êtres nobles, Qui est le moine vertueux nommé Ratnochaya ?“, Les interrogeant tous sur cet enseignant de la Doctrine.

A ce moment, Ratnochaya Se trouvait à l'intérieur d'une grotte Où il contemplait le roi du recueil des soutras Et le récitait, transporté de béatitude.

On indiqua alors au roi La grotte où se trouvait Ratnochaya, Le moine qui enseigne la Doctrine, Rayonnant de splendeur, de gloire et d'excellence.

Par son enseignement constant De l'Excellente Lumière dorée, roi du recueil des soutras, Ratnochaya, l'enseignant de la Doctrine, Entretenait là le profond domaine d'intérêt du roi.

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Se prosternant aux pieds de Ratnochaya, Le roi Susambhava déclara : “Toi, dont le visage ressemble à la pleine lune, Explique-moi l'Excellente Lumière dorée, roi du recueil des soutras !“

Quand Ratnochaya accepta La requête du roi Susambhava, Dans tous les mondes du trichiliocosme, Les dieux se réjouirent.

Ainsi, le seigneur des hommes, En un lieu pur des plus excellents, Où l'eau est cristalline et les gouttes de rosée parfumées, Dispersa des pétales de fleurs et érigea un trône.

Le roi orna ce siège d'une ombrelle, de bannières Et de pièces de brocarts par milliers, Puis il y répandit Une grande variété de poudres de santal.

Dieux, esprits-serpents, dieux jaloux, musiciens célestes, Seigneurs des esprits malfaisants, garoudas et mahoragas Déversèrent une pluie de fleurs mandaravas Qui tomba directement sur le trône.

Lorsque Ratnochaya apparut, Des milliers de millions de dieux avides de Doctrine Se pressèrent en nombre incalculable Et lancèrent des fleurs de sal.

Ratnochaya, l'enseignant de la Doctrine, Après avoir baigné son corps et enfilé des habits propres S'approcha du trône Et, joignant les paumes des mains, s'inclina.

Seigneurs des dieux, dieux et déesses, Inondèrent l'espace d'une pluie de fleurs mandaravas Et firent retentir une sublime mélodie, Emanant de centaines de milliers d'instruments.

Ratnochaya, le moine qui enseigne la Doctrine, Pensant aux inconcevables Milliers de millions de bouddhas aux dix directions Se hissa sur le trône et s'y installa.

Animé de compassion envers tous les êtres, Engendrant cet esprit avec pureté, Il se mit alors à enseigner le soutra Au roi Susambhava.

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Après s'être incliné en joignant les mains, Le roi Susambhava fut réjoui par chacun de ces mots. Par la force de la Doctrine, ses yeux se mouillèrent de larmes Et son corps s'emplit de joie.

Pour honorer ce soutra, Le roi Susambhava souleva alors La pierre précieuse qui exauce les souhaits Et formula cette prière à l'intention de tous les êtres :

“Sur le continent de Jambudvipa, que se déverse une grande pluie D'ornements sertis des sept joyaux Et de toutes les richesses pouvant procurer la félicité Aux êtres de ce monde.“

A cet instant, sur les quatre continents, descendirent Les sept pierres précieuses, Bracelets, colliers, boucles d'oreille sublimes, Nourriture, boissons et vêtements.

Lorsque le roi Susambhava Vit tomber cette grande pluie d'ornements, Il offrit à Ratnashikhin Les quatre continents emplis de pierres précieuses.

Moi, le Tathagata Shakyamuni, J'étais ce roi nommé Susambhava Et, en cette occasion, je me suis totalement détaché De cette terre avec ses quatre continents emplis de joyaux.

Ratnochaya, le moine qui enseigne la Doctrine Et qui, en cette occasion, a exposé ce soutra Au roi Susambhava, Etait le Tathagata Akshobya.

J'ai donc écouté ce soutra Et me suis réjoui de chacun de ses mots. Par la vertu de m'être réjoui D'avoir écouté la Doctrine,

J'ai obtenu ce corps harmonieux, de belle apparence, Doré et marqué de centaines de mérites, Qui met en joie des milliers de millions de dieux Et que les gens ont toujours plaisir à contempler.

Pendant quatre-vingt dix-neuf mille millions de périodes cosmiques, Je fus roi tournant la roue Et, pendant de centaines de milliers d'éons, Je fus souverain du royaume.

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Pendant d'inconcevables périodes cosmiques, je fus Indra Et seigneur du domaine de Brahma. Nul ne peut mesurer d'aucune façon Les dix pouvoirs insondables que j'ai obtenus.

Avec un tel volume de mérites incalculables, Pour avoir écouté la Doctrine et m'en être réjoui, Selon mes souhaits, j'ai obtenu l'éveil Ainsi que le sublime Corps de vérité.

Ainsi s'achève “le Roi Susambhava“, treizième chapitre de ce roi du recueil des soutras intitulé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 14 : L'entière protection des yakshas

Glorieuse déesse, quel que soit le fils ou la fille de la lignée, qui, animé(e) de foi, désire honorer de façon extrêmement intense, vaste et inconcevable, avec toutes sortes de biens, les bouddhas, vainqueurs transcendants passés, présents et futurs, et connaître parfaitement la profonde sphère de l'activité éveillée, celui ou celle-ci devra se diriger dans un lieu – un temple ou un ermitage – où l'on enseigne amplement et parfaitement l'Excellente Lumière dorée, roi du recueil des soutras, et écouter cet excellent soutra avec un esprit exempt de doutes et de distraction.

Afin d'expliquer précisément le sens de ces phrases, le Vainqueur transcendant récita alors les vers suivants :

Celui qui désire honorer De façon inconcevable tous les bouddhas Et connaître parfaitement la profondeur De la sphère d'activités des vainqueurs transcendants

Devra se diriger en un lieu, Temple ou ermitage, Où l'on enseigne le soutra sacré De l'Excellente Lumière dorée.

Ce soutra extraordinaire Est un océan infini de vertus Qui libère tous les êtres D'innombrables souffrances.

Contempler ce soutra D'une profondeur extrême Au début, au milieu et à la fin Est sans comparaison.

Tous les atomes Du fleuve Gange, de la terre, De l'océan et de l'espace Ne pourraient en fournir une analogie.

Entrer dans la sphère de la Doctrine S'apparente à pénétrer Dans le reliquaire du Dharma lui-même, Profond et très stable.

Au centre de ce reliquaire, On voit le Vainqueur Shakyamuni Qui enseigne ce soutra D'une voix mélodieuse,

Comblant de joie Les dieux et les humains

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Pendant d'immesurables, d'inconcevables Milliers de millions de périodes cosmiques.

Celui qui écoute ce soutra, Conscient de la quantité inconcevable De mérites ainsi obtenus, Comprendra alors sa signification.

Celui qui, pour écouter ce soutra, Peut traverser cent lieues couvertes de langues de feu Et supporter de grands tourments, Au moment même où il pénètrera Dans ce temple ou en tout autre lieu, Ses fautes le quitteront.

Au moment même où il entrera dans ce lieu. Cauchemars et mauvais signes, Influences planétaires néfastes, Innombrables démons et esprits nuisibles Fuiront tous en d'autres directions,

Il devra y installer Un trône semblable à un lotus, Comme celui que les rois des nagas Lui ont montré en rêve.

Assis sur ce siège, Il devra avec clarté lire les mots De ce soutra avec clarté Et comprendre parfaitement ce qu'ils enseignent.

Après être descendu du trône, Il ira en d'autres lieux Mais, sur ce siège même, Des émanations magiques apparaîtront.

Parfois se manifestera Le corps d'un enseignant de la Doctrine, Parfois apparaîtra le corps d'un bouddha. Parfois celui d'un bodhisattva.

Parfois le corps de Samantabhadra, Parfois celui de Manjushri Ou de Maitreya Apparaîtront sur ce trône.

Parfois seule une lueur, Ou l'apparence de divinités Se manifesteront un instant En ce lieu et disparaîtront.

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Voir un bouddha est un signe favorable Annonçant que tous nos désirs se réaliseront, Que récoltes et présages seront excellents. La manifestation du Bouddha apporte :

Succès, gloire, renom, Victoire sur les adversaires, Destruction complète des hordes d'oppresseurs, Défaite des ennemis au combat,

Apaisement des mauvais rêves, Annihilation de toutes les fautes, Elimination complète de toute erreur, Triomphe dans toutes les batailles.

Sa célébrité se répandra Sur tout le continent de Jambudvipa Et il écartera définitivement Tous ses opposants.

Il triomphera toujours de l'adversaire, Eliminera toutes les fautes, Vaincra sur tous les fronts Et, sans ennemis, il sera au comble de la joie.

Le seigneur Brahma, le seigneur du domaine des Trente-trois, Et les protecteurs du monde, Vajrapani, le seigneur des yakshas, Vishnu le Vainqueur, Samjnyaya,

Anavatapta, le roi des nagas, Ainsi que Sagara, Le seigneur des musiciens célestes, le seigneur des dieux jaloux, Le roi des garoudas,

Tous ceux-là et bien d'autres, Tous les dieux Honorent d'offrandes continuelles L'inconcevable reliquaire de la Doctrine.

Voyant les êtres respectueux, Ces suprêmes rois des dieux Ressentent une joie intense Et veillent sur eux.

Tous ces dieux suprêmes Se disent mutuellement : “Regardez ceux qui ont accumulé Mérites, gloire et splendeur.

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Ces personnes ici réunies Ont purifié leurs racines de bien. Elles se sont rassemblées en ce lieu Pour écouter le profond soutra.

Animées d'une foi inconcevable, Elles vénèrent le reliquaire de la Doctrine, Manifestent leur compassion pour le monde Et œuvrent au bien des êtres.

Pour les profonds enseignements Elles sont des vasques qui gardent la saveur du pur Dharma. Elles pénètrent et s'immergent Dans la sphère de la Doctrine.

Pour écouter la pure vertu De l'Excellente Lumière dorée Et vénérer des centaines de milliers De bouddhas du passé.“

Par cette racine de bien, Ceux qui écoutent ce soutra Seront pleinement protégés Par toutes ces suprêmes divinités.

Sarasvati, La divine Shri, Vaishravana, Les Quatre Rois, Des centaines de milliers de yakshas, Par leur grande force et leurs pouvoirs miraculeux, Les protègeront pleinement Dans les quatre directions.

Indra, la Lune, le Seigneur de la Mort, Le Dieu du Vent, le Dieu de l'Eau, Skanda (Qui Cause la Sécheresse), Vishnu, Sarasvati, Prajapati (Qui Mange les Offrandes Brûlées), Hutashana, Tous ces protecteurs du monde Qui écrasent les ennemis, Avec leur grand pouvoir, Les protègeront sans faiblir, jour et nuit.

Les deux puissants seigneurs des yakshas, Narayana (Fils de l'Indifférence) et Maheshavara (Grand Pouvoir), Samjnyaya (Connaissance Parfaite) et autres, Ainsi que les vingt-huit généraux, Des centaines de milliers de yakshas, Avec leur grande force et leurs pouvoirs miraculeux, Les protègeront

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De toutes les craintes et les peurs.

Vajrapani, le seigneur des yakshas, Cinq cents autres yakshas Et tous les bodhisattvas Les protègeront.

Manibhadra (Noble Joyau), le seigneur des yakshas, Ainsi que Purnabhadra (Débordant de Noblesse), Kumbhira (Faiseur de Peurs) et Atava (Lieu Inhospitalier), Pingala (Orangé) et Kapila (Blanc et Blême),

Chacun de ces seigneurs de yakshas, Accompagné de cinq cents autres, Protègera Ceux qui écoutent ce soutra.

Citrasena (Diversité), le mangeur d'odeurs, Jinarsabha, le roi des vainqueurs, Manikantha (Gorge de Joyaux) et Nikantha (Gorge Ferme) Ainsi que Varsadhipati (Seigneur de la Pluie),

Mahagrasa et Mahakala, Ainsi que Suvarnakesha (Cheveux Dorés) Pancika et Chagalapada (Patte de Chèvre), Ainsi que Mahabhaga (Grand Eon),

Pranalin (Qui Tient la Hampe) et Dharmapala (Protecteur de la Doctrine) Markata (Singe) ainsi que Vali, Suciroma (Poil d'Aiguille) et Suryamitra (Parent du Soleil),

Ainsi que Ratnakesha (Cheveux Précieux), Mahapranalin (Qui porte la Grande Hampe) et Nakula (Sans Foyer) Kamashrestha (Aspiration Suprême) et Candana (Santal) Nagayana (Grand Pouvoir) et Haimavata (Montagne Enneigée) Ainsi que Satagiri (Montage de Joie),

Avec leur grande force qui écrase les ennemis Et leurs pouvoirs miraculeux, Ils protègeront pleinement Tous ceux qui apprécient ce soutra.

Anavatapta (Sans Chaleur) le seigneur des nagas Ainsi que Sagara (Océan), Elapatra (Pétale d'Ela) et Mucilinda (Qui Donne et Attrape), Nanda (Cher) et Upanandaka (Très Cher)

Ainsi que des centaines de milliers de nagas, Avec leur grande force et leurs pouvoirs miraculeux, Les protègeront

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Des craintes et des peurs.

Bali (Puisssant), Rahu et Namuci (Ininterrompu), Vemacitra et Samvara (Plaisir Suprême), Prahlada (Excellente Fraîcheur) et Kharaskandha (Roc Rugueux), Les autres seigneurs des titans,

Des centaines de milliers de titans, Avec leur grande force et leurs pouvoirs miraculeux, Les protègeront Lorsqu'ils rencontreront craintes et peurs.

Hariti (Voleuse), l'ogresse des furies, Et ses cinq cents fils, Les protègeront Qu'ils soient debout, qu'ils dorment ou qu'ils soient ivres.

Canda (Sauvage) et Candalika (Féroce) Ainsi que Yaksini Candika (Furie des Malfaisants), Kunti (Celle qui Tient une Lance) et Kutadanti (Rangée de dents), Qui dérobe l'éclat de tous les êtres,

Toutes celles-ci, avec leur grande force pour écraser les ennemis Et leurs pouvoirs miraculeux, Les protègeront également Dans les quatre directions.

Sarasvati, Shri Et autres inconcevables divinités. Toutes les divinités, Comme la déesse de la terre, Les dieux des récoltes, des fruits et des bois, Ceux qui vivent dans les jardins, les arbres et les reliquaires Ainsi que le dieu du vent ;

Tous ces dieux, L'esprit joyeux Protègeront pleinement Ceux qui apprécient ce soutra.

Ils fourniront aux êtres Vie, santé et énergie Les pareront toujours de grandeur, De dignité, de mérites et de splendeur.

Ils élimineront toutes les mauvaises influences Des planètes et des constellations Et apaiseront également Infortunes, disgrâces et mauvais rêves.

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La profonde et très puissante Déesse de la terre, elle-même, Sera comblée par la saveur de ce roi du recueil des soutras, L'Excellente Lumière Dorée.

Le suc de la terre se développera Six millions huit cent mille fois Cent lieues Jusqu'à atteindre la couche indestructible.

Il pénètrera vers le bas, Imprégnant complètement cent lieues, Puis il remontera de nouveau Et imbibera la surface de la terre.

Par le pouvoir de l'écoute de ce soutra, Toutes ces divinités Savoureront avec satisfaction L'Excellente Lumière Dorée.

Elles deviendront resplendissantes, Possèderont de plus grands pouvoirs, Se sentiront heureuses et comblées.

Sur tout le continent de Jambudvipa, Les divinités des fruits, des récoltes et des bois Se délecteront d'une grande variété de saveurs Et ressentiront une immense joie.

Satisfaites de la saveur du soutra, Elles feront croître avec vigueur Les fruits et les récoltes, Toutes les variétés de fleurs, Divers fruits et arbres.

Tous les arbres fruitiers, Jardins et bosquets Donneront de magnifiques fleurs Aux parfums variés.

Elles feront apparaître sur terre Des bois et des prés Avec de multiples fleurs Et tous les types de fruits.

Sur tout le continent de Jambudvipa, Les inconcevables jeunes filles nagas, L'esprit très enjoué, Se retrouveront au bord des étangs.

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Dans tous les bassins, Apparaîtront des nénuphars et des lotus nombreux, Des utpalas Ainsi que des lotus blancs.

Le ciel sera pur, sans fumée, Sans masses nuageuses, Sans brouillard ni poussière ; En toutes directions, la lumière brillera intensément.

Mille rayons de soleil Feront comme un rideau de lumière Extraordinairement beau Et une ravissante clarté apparaîtra.

Dans son céleste palais doré, Sur le continent de Jambudvipa, Le puissant Soleil, fils des dieux, Sera pleinement satisfait de ce soutra.

Avec une grande joie, Il se lèvera sur le continent de Jambudvipa, Tissant partout Sa toile de lumière aux rayons infinis.

Aussitôt levé, Il enverra ses rayons de lumière Réveiller les lotus Qui emplissent les différents étangs.

Sur tout le continent de Jambudvipa, Il fera pleinement mûrir Fruits, fleurs et plantes médicinales Et toutes les terres s'en trouveront satisfaites.

Alors, le Soleil et la Lune Auront une splendeur extraordinaire, Les planètes et les astres seront en harmonie Et les vents souffleront au moment opportun.

Sur tout le continent de Jambudvipa, Les années seront toujours prospères Et le lieu où se trouve ce soutra, Sera particulièrement extraordinaire.

Ainsi s'achève “la Protection complète des yakshas“, quatorzième chapitre de ce roi du recueil des soutras intitulé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 15 : La prophétie des dix mille fils de dieux

Lorsque le Vainqueur transcendant eut dit ceci, la déesse de la lignée, Bodhisamuccaya, (Assemblée du Pur Eveil) s'adressa à lui en ces termes :

– Vénérable vainqueur transcendant, par quelle cause, quelle condition, quelle purification de racine de bien et sur la base de quel champ de mérites ont été faites des accumulations pour que ces dix mille fils de dieux, tels Jvalanantaratejoraja (Rayon Brillant d'une Magnifique Splendeur) et autres, soient venus ici, depuis la résidence du domaine des Trente-trois, après avoir écouté la prophétie de l'éveil des trois saints et afin d'écouter la Doctrine du Vainqueur transcendant ?

“Au futur, quand se seront écoulées d'innombrables, d'incalculables centaines de milliers de millions de périodes cosmiques, dans le monde nommé Suvarnaprabhasita (Splendeur Dorée), le saint, le bodhisattva Ruciraketu (Summum de Beauté) obtiendra l'éveil insurpassable, parfait et pleinement accompli. Il se manifestera alors dans le monde comme le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfaitement éveillé, le Possesseur de sagesse et de digne conduite, Celui qui est allé en félicité, le Connaisseur du monde, le Guide des êtres à diriger, l'Inégalable Maître des hommes et des dieux, le Bouddha Vainqueur transcendant nommé Suvarnaratnakaracchatrakuta (Ombrelle Source d'Or et de Joyaux).

Lorsque la pure Doctrine aura disparu, après que le Vainqueur transcendant, le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfaitement éveillé Suvarnaratna-karacchatrakuta aura atteint le nirvana complet et que tous ses enseignements auront disparu, ce fils appelé Rupyaketu (Pinacle d'Argent), dans la sphère du monde Virajadhvaja (Bannière de Victoire), succèdera à ce Tathagata et se manifestera dans le monde comme le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfaitement éveillé Suvarnajamboudhvajakancanabha (Lumière Dorée de la Bannière de Victoire en Or de Jambou).

Lorsque le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfaitement éveillé Suvarnajamboudhvajakancanabha (Lumière Dorée de la Bannière de Victoire en Or de Jambou) aura atteint le nirvana complet et que ses enseignements auront totalement disparu, ce fils nommé Rupyabrabha (Lumière d'Argent), dans la sphère du monde Virajadhvaja (Bannière de Victoire), succèdera à ce Tathagata et s'éveillera à l'illumination insurpassable, parfaite et pleinement accomplie. Il apparaîtra alors dans le monde comme le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfaitement éveillé, le Possesseur de sagesse et de digne conduite, Celui qui est allé en félicité, le Connaisseur du monde, le Guide des êtres à diriger, l'Inégalable Maître des hommes et des dieux, le Bouddha Vainqueur transcendant nommé Suvarnasatarashmiprabhasaketu (Essence de la Splendeur Dorée de Cent Rayons d'Or).“

Par ces mots, le Vainqueur transcendant prophétisa tous ceux-ci à l'éveil insurpassable parfait et pleinement accompli. Mais, jusqu'alors, vénérable Vainqueur transcendant, ces dix mille fils de dieux, tels Jvalanantaratéjoraja (Rayon Brillant d'une Magnifique Splendeur) et autres, n'avaient pas encore pleinement accompli les immenses actions des bodhisattvas. Il n'a pas été entendu que, jadis, ils soient entrés dans la pratique des six perfections ni qu'ils aient complètement offert leurs mains, pieds, yeux, tête – partie sacrée de leur corps –, fils, épouse et fille chéris. Il n'a pas été entendu que, jadis, ils aient totalement offert leurs richesses, grains, bétail, or, joyaux, perles, lapis lazuli,

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conques, cristaux, coraux, argent, poudre d'or et de joyaux. Il n'a pas non plus été entendu que, jadis, ils aient totalement offert nourritures et boissons, montures, vêtements, demeures, foyers, palais, jardins et étangs. Il n'a pas non plus été entendu que, jadis, ils aient totalement offert éléphants, bœufs, destriers, servants et servantes.

– Jadis, durant des centaines de milliers de millions d'innombrables périodes cosmiques, avant d'obtenir des vainqueurs transcendants la prophétie du nom du Tathagata, les innombrables centaines de milliers de millions de bodhisattvas ont offert tout ce qui leur appartenait, honorant d'une inimaginable variété d'offrandes les centaines de milliers de millions d'innombrables tathagatas. Ils se sont complètement séparés de tous les objets qu'ils pouvaient offrir : leurs mains, pieds, yeux, tête – partie sacrée de leur corps – ; ils ont aussi donné fils, épouse et fille chéris ; ils ont également offert leurs richesses, grains, bétail, or, joyaux, perles, lapis lazuli, conques, cristaux, coraux, argent et poudres d'or. Ils ont aussi abandonné nourritures, boissons, vêtements, demeures, sièges, foyers, palais, jardins, parcs, bassins, étangs, éléphants, bœufs, destriers, servants et servantes. Ils ont progressivement mené à bien la pratique des six perfections et ont connu ensuite des centaines de milliers de joies. Vénérable Vainqueur transcendant, s'il en est ainsi, par quelle cause, quelle condition, quelle purification de racine de bien, ces dix mille fils de dieux, tels Jvalanantaratejoraja (Rayon Brillant d'une Magnifique Splendeur) et autres, venus en présence du Vainqueur transcendant pour écouter la Doctrine, ont-ils alors été prophétisés à l'éveil insurpassable, parfait et pleinement accompli par le Vainqueur transcendant en ces termes :

“Au futur, lorsque des centaines de milliers de millions d'innombrables périodes cosmiques seront passées, dans la sphère du monde nommée Salendradvajagravati (Qui Lève la Bannière de Victoire du Puissant Sal), en ce même lieu et dans la même lignée, dans la même famille et avec le même nom, ils s'éveilleront chacun à leur tour à l'illumination insurpassable, parfaite et pleinement accomplie. Ces vainqueurs transcendants renaîtront alors dans le monde comme dix mille bouddhas nommés Prasanavadanotpala-gandhakuta (Visage Resplendissant du Parfum de l'Utpala), Possesseurs de sagesse et de digne conduite, Allés en félicité, Connaisseurs du monde, Guides des êtres à diriger, inégalables Maîtres des hommes et des dieux.“

Suite à ces paroles, le Vainqueur transcendant s'adressa ainsi à la déesse de la lignée, Bodhisamuccaya :

– Déesse de la lignée, il est une cause, il est une condition et il est une purification de racine de bien par lesquelles ces dix mille fils de dieux, tels Jvalanantaratejoraja (Rayon Brillant d'une Magnifique Splendeur) et autres, sont venus ici depuis le domaine des Trente-trois afin d'écouter la Doctrine. Déesse de la lignée, après avoir écouté la prophétie pour l'éveil de ces trois saints, à cet instant même, ils développèrent un profond sentiment d'admiration, de joie et de foi envers l'Excellente Lumière Doré, roi du recueil des soutras. Leur esprit est alors devenu parfaitement pur, aussi pur que le lapis lazuli. Leur esprit totalement immaculé est alors devenu profond, ample et vaste comme l'espace, produisant une infinie accumulation de mérites.

Déesse de la lignée, ces dix mille fils de dieux, tels Jvalanantaratejoraja (Rayon Brillant d'une Magnifique Splendeur) et autres, écoutant l'Excellente Lumière dorée, roi du recueil des soutras, engendrèrent une foi et un respect

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extraordinaires. Leur esprit étant devenu parfaitement pur, aussi pur que le lapis lazuli, ils parvinrent au stade de la prophétie.

Déesse de la lignée, par cette accumulation de vertus provenant de l'écoute de la Doctrine et par la force des prières passées, ces dix mille fils de dieux, tels Jvalanantaratejoraja (Rayon Brillant d'une Magnifique Splendeur) et autres, ont alors été prophétisés pour l'éveil insurpassable, parfait et pleinement accompli.

Ainsi s'achève “la Prophétie des dix mille fils de dieux“, quinzième chapitre de ce roi du recueil des soutras intitulé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 16 : La guérison des maladies

Déesse de la lignée, autrefois, il y a une quantité inimaginable, incalculable de périodes cosmiques innombrables, en une certaine occasion, à un certain moment, apparut dans le monde le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha pleinement accompli, le Possesseur de sagesse et de digne conduite, Celui qui est allé en félicité, le Connaisseur du monde, le Guide des êtres à diriger, l'Inégalable Maître des hommes et des dieux, le Vainqueur transcendant nommé Ratnashikhin (Précieuse Ushnisha).

Déesse de la lignée, en cette occasion, à ce moment, après que le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha pleinement accompli Ratnashikhin fut passé dans l'au-delà des peines, le saint Dharma disparut. Après sa disparition, Déesse de la lignée, vint un roi détenteur de la Doctrine nommé Sureshvaraprabha (Lumière du Seigneur des Dieux) qui gouvernait son royaume selon la Doctrine, jamais à son encontre, et que tous les êtres, en tous lieux, estimaient comme père et mère.

Déesse de la lignée, en cette occasion, à ce moment, au pays du roi Sureshvaraprabha, vivait un marchand nommé Jatimdhara (Qui Porte un Chignon). Il était médecin, guérisseur, grand spécialiste des éléments7 et détenait la lignée des huit branches de la médecine8.

Ô Déesse de la lignée, à ce moment, ce marchand avait un fils nommé Jalavahana (Verseur d'Eau) qui avait beaucoup de charme, une grande beauté, une apparence noble et pure. Il était expert en un grand nombre de traités, comprenait parfaitement tous les textes, connaissait excellemment l'écriture, les chiffres, les mathématiques et l'astrologie.

Déesse de la lignée, à ce moment, au pays du roi Sureshvaraprabha, des centaines de milliers d'êtres souffraient de toutes sortes de maladies. Accablés de maux, ils ressentaient de terribles élancements de douleurs et des souffrances insoutenables. Alors, Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, engendra une pensée de grande compassion pour ces centaines de milliers d'êtres affectés par toutes ces maladies et accablés par tant de souffrances : “Ces centaines de milliers d'êtres affectés par toutes sortes de maladies, tourmentés par tant de maux ressentent de terribles élancements de douleur et des souffrances insoutenables. Mon père, le marchand Jatimdhara, médecin, guérisseur, grand spécialiste des éléments, détenteur de la lignée des huit branches de la médecine, a pris de l'âge. Vieux et faible, il s'appuie sur une canne et se déplace en tremblant. Il n'a plus la force de se rendre dans les villages, les villes, les districts, les provinces, les régions reculées ou les palais pour soigner ces centaines de milliers d'êtres affligés par toutes sortes de maux et en proie à de nombreuses douleurs. Je vais aller trouver mon père, Jatimdhara, et lui demander de me transmettre son expertise des éléments susceptibles de guérir les maladies. Grâce à la connaissance qu'il m'aura communiquée, j'irai dans les villages, les villes, les provinces, les régions reculées, les palais pour guérir ces centaines de milliers d'êtres affligés par toutes sortes de maladies et accablés par tant de souffrances.“

7 (Sct. dh›tu) Il peut s'agir ici des quatre éléments (la terre, le feu, l'eau et l'air) ou bien des sept éléments fondamentaux qui constituent le corps : la bile, le sang, le flegme, les graisses, les os, la moelle, le sperme. 8 Les huit branches de la médecine sont la connaissance : 1) des maladies physiques générales concernant les adultes, 2) des maladies infantiles (pédiatrie), 3) des maladies féminines (gynécologie), 4) des maladies causées par des esprits (neurologie), 5) des blessures causées par des objets ou des armes (la chirurgie), 6) des maladies dues aux empoisonnements, 7) des maladies affectant les personnes âgées (gériatrie), 8) des insuffisances sexuelles (sexologie).

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Déesse de la lignée, en cette occasion, à ce moment, Jalavahana, le fils du marchand, alla trouver son père, Jatimdhara. Il s'inclina devant lui, posa le front à ses pieds et, joignant respectueusement les mains, se plaça de côté. Par ces strophes, Jalavahana, le fils du marchand, demanda à son père, Jatimdhara, la connaissance des éléments :

,

“Pourquoi perd-on ses facultés sensorielles Et les éléments se transforment-ils complètement ? A quel moment les diverses maladies Apparaissent-elles dans le corps ?

Par quel régime, de saison ou hors saison, Obtient-on le bien-être ? Quelle nourriture ne crée-t-elle aucun dommage A l'intérieur du corps ?

Quel traitement permet-il De guérir les maladies Causées par le vent, la bile, Le flegme ou leur combinaison ?

Quand le vent est-il perturbé ? Quand la bile est-elle perturbée ? Quand le flegme est-il perturbé, Au point d'engendrer des souffrances humaines ?

Alors, par ces strophes, le marchand, Jatimdhara, enseigna à son fils, Jalavahana, sa connaissance des éléments :

“Sache qu'il y a trois mois d'été, trois mois d'automne, Trois mois d'hiver et trois mois printaniers. Les mois se succèdent selon six périodes Et on dit qu'une année contient douze mois.

Les intervalles se divisent en trois, Une période dure deux mois, Aliments et boissons se prennent en fonction de cela Et le médecin traite les éléments au moment opportun.

Les facultés sensorielles et les éléments Changent selon les divisions de l'année. Lorsque les facultés sensorielles se transforment complètement, Diverses maladies surgissent dans le corps.

Le médecin doit ainsi connaître les quatre périodes de trois mois, Ou les six périodes de deux [mois], Et être expert dans les six éléments. Aliments, boissons et médicaments doivent respecter cela.

En été apparaissent des maladies liées à l'excès de vent, 80

En automne, la bile est agitée, Les maladies dues au surplus de flegme arrivent au printemps Et, durant l'hiver, elles sont causées par la combinaison des trois.

En été, les saveurs sont grasses, chaudes, salées et acides ; En automne, sucrées, grasses et fraîches ; En hiver, sucrées, grasses et acides ; Au printemps, amères et chaudes.

Le flegme s'active principalement après le repas, La bile durant la digestion, Le vent après la digestion. C'est ainsi que les trois éléments se meuvent.

Les maladies liées au vent se soignent par des stimulants, Celles de la bile par des purgatifs, Celles du flegme par des émétiques, Et les maladies combinées se guérissent par un mélange des trois.

Il faut savoir à quel moment les excès de vent, de bile, De flegme ou la combinaison des trois [se produisent]. Médicaments, nourritures et boissons seront prescrits Selon la saison, l'élément et le physique.“

Alors, Jalavahana, le fils du marchand, qui avait sollicité cet exposé sur la connaissance des éléments, assimila les huit branches de la médecine.

Déesse de la lignée, en cette occasion, à ce moment, Jalavahana, le fils du marchand, se rendit dans tout le pays du roi Sureshvaraprabha – dans les villages, les villes, les districts, les provinces, les régions reculées et les palais – pour soulager des centaines de milliers d'êtres affligés par toutes sortes de maladies et en proie à de nombreuses douleurs. “Je suis médecin, disait-il en se présentant, et je vous délivrerai de vos maladies.“

Déesse de la lignée, lorsque Jalavahana, le fils du marchand, prononça ces mots, au moment même où ils les entendirent, des centaines de milliers d'êtres ressentirent une grande félicité. A l'écoute de ces mots, leur esprit s'emplit d'une immense joie, d'un bonheur et d'une allégresse extraordinaires. En cette occasion, à ce moment, des centaines de milliers d'êtres affligés par toutes sortes de maladies et en proie à de nombreuses douleurs furent complètement guéris. Libérés de la maladie, ils retrouvèrent la santé et autant de puissance, de force et d'énergie qu'auparavant. Parmi les centaines de milliers d'êtres affligés par toutes sortes de maladies et en proie à de nombreuses douleurs, tous ceux qui souffraient d'une très grave maladie allèrent consulter Jalavahana, le fils du commerçant, qui leur prescrivit les médicaments appropriés et élimina totalement leurs maux. Libérés de la maladie, même de la plus bénigne, ils retrouvèrent la santé et autant de puissance, de force et d'énergie qu'auparavant.

Ainsi, Déesse de la lignée, en cette occasion, à ce moment, dans tous les villages, les villes, les districts, les provinces, les régions reculées et les palais du roi Sureshvaraprabha, des centaines de milliers d'êtres affligés par toutes sortes de maladies et en proie à de nombreuses douleurs furent pleinement guéris par Jalavahana, le fils du commerçant.

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Ainsi s'achève “la Guérison des maladies“, seizième chapitre de ce roi du recueil des soutras intitulé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 17 : Comment Jalavahana sauva les poissons

De plus, Déesse de la lignée, après que Jalavahana, le fils du commerçant, eut guéri tous les êtres dans le pays du roi Sureshvaraprabha, les maladies diminuèrent et tous retrouvèrent le même bien-être et la même énergie qu'auparavant. Tous les êtres de ce pays devinrent heureux ; perpétuellement emplis de joie et de tendresse, ils pratiquaient la générosité et agissaient de façon méritoire.

Célébrant Jalavahana, le fils du commerçant, ils disaient : “Vive Jalavahana, le fils du commerçant ! Gloire à lui ! C'est le roi des médecins, c'est un bodhisattva qui a assimilé les huit branches de la médecine et qui guérit tous les êtres de leurs maladies ! ”

Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du commerçant, avait une épouse nommée Jalambugarbha (Essence du Lotus d'Eau) qui lui donna deux fils : Jalambara (Habillé d'Eau) et Jalagarbha (Essence de l'Eau). Ainsi, Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du commerçant, se rendait dans les villages, les villes, les districts, les provinces, les zones reculées et les palais, accompagné de ses deux fils.

Déesse de la lignée, à un certain moment, pendant que Jalavahana, le fils du commerçant, traversait un lieu désert, il vit des hyènes, des loups, des chacals, des vautours et des corbeaux qui affluaient vers l'étang d'Atavisambhava (Né dans la Forêt). “Pourquoi ces hyènes, ces loups et ces oiseaux se dirigent-ils vers cet étang ? pensa-t-il. Et si, moi aussi, j'allais dans la même direction que ces hyènes, loups, chacals, vautours et corbeaux.“ Ainsi, Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du commerçant, poursuivant ses visites, partit pour ce lieu isolé où se trouvait l'étang d'Atavisambhava.

Arrivé à ce grand étang où vivaient dix mille poissons, il constata que des milliers d'entre eux manquaient d'eau et il en éprouva une grande compassion. Il aperçut alors une déesse dont seulement la moitié du corps émergeait d'un tronc d'arbre.

– Excellent, excellent, fils de la lignée ! lui dit cette déesse. Puisque tu te nommes Jalavahana (Verseur d'Eau), donne de l'eau à ces poissons. Tu t'appelles Jalavahana pour deux raisons : pour apporter de l'eau et pour la donner. Aussi, agis selon le sens de ton nom.

– Déesse, combien de poissons vivent ici ? demanda Jalavahana. – Dix mille, répondit-elle. Alors, Déesse de la lignée, du plus profond du cœur, Jalavahana, le fils du

marchand, engendra la grande compassion. A ce moment, Déesse de la lignée, dans le grand étang d'Atavisambhava, il ne restait plus qu'une infime quantité d'eau pour ces dix mille poissons qui se débattaient au seuil de la mort.

Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, se mit à courir dans les quatre directions, observé partout où il allait par les dix mille poissons implorant sa compassion. Ainsi, Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, courut chercher de l'eau en toutes directions, sans en trouver nulle part. Scrutant de tous côtés, il vit que, non loin de l'étang, se trouvaient de gros arbres. Il les escalada, coupa leurs branches qu'il transporta jusqu'au grand étang, puis en fit une toiture pour procurer de l'ombre aux dix mille poissons.

Ensuite, Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, chercha comment amener de l'eau dans cet étang. “D'où pourrait-elle venir ?“ se

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demanda-t-il, courant aux quatre directions sans trouver de réponse. Il remonta rapidement le lit du torrent et découvrit que l'étang d'Atavisambhava recevait son eau d'un fleuve nommé Jalagama (Venu de l'Eau), mais un être malveillant avait entraîné le fleuve dans un grand précipice, le détournant de son cours, si bien qu'il n'abreuvait plus les dix mille poissons. “Mille hommes ne parviendraient pas à ramener ce fleuve dans son lit, se dit Jalavahana. Seul, comment pourrais-je y parvenir ?“ Et il revint sur ses pas.

Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, se précipita alors chez le roi Sureshvaraprabha. En sa présence, il s'inclina à ses pieds, lui rendit hommage et expliqua :

– Dans tous les villages, les villes et les districts de Votre Divine Majesté, j'ai guéri les êtres de leurs maladies. Il est un étang nommé Atavisambhava où vivent dix mille poissons souffrant d'une pénurie d'eau et grillant sous le soleil de midi. Afin de pouvoir secourir, au même titre que des humains, les êtres nés dans le règne animal, je supplie Votre Divine Majesté de me prêter vingt éléphants.

– Que l'on procure vingt éléphants au grand roi des médecins, ordonna aussitôt Sureshvaraprabha à ses ministres.

– Grand être, va aux écuries et prends vingt divins éléphants, dirent les ministres. Fais le bien et le bonheur des êtres !

Alors, Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, accompagné de ses fils Jalambara et Jalagarbha, emmenèrent les vingt éléphants et les cent sacs de cuir que leur donnèrent les cornacs, puis ils se dirigèrent là où se jette l'eau du fleuve Jalagama. Tous trois remplirent les sacs, les chargèrent sur le dos des éléphants et retournèrent au bord de l'étang d'Atavisambhava pour y verser l'eau que les éléphants avaient transportée. Lorsque l'étang d'Atavisambhava fut entièrement rempli, les dix mille poissons se mirent à suivre Jalavahana, le fils du marchand, partout où il allait.

Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, se demanda alors : “Pourquoi ces dix mille poissons accourent-ils à ma suite ?“ Et il lui vint cette pensée : “Ces dix mille poissons sont tourmentés par le feu de la faim et me demandent à manger. Je vais donc leur donner de la nourriture.“

Déesse de la lignée, Jalavahana, le fils du marchand, s'adressa alors à Jalambara :

– Mon fils, monte le plus rapide de ces éléphants, retourne vite à la maison et dis à ton grand-père : “Jalavahana te prie de réunir toute la nourriture que tu trouveras : celle des parents, des frères et sœurs, celle des servants, servantes et laboureurs.” Une fois rassemblée, charge toute cette nourriture sur le dos de l'éléphant et apporte-la moi aussitôt.

Jalambara monta alors sur l'éléphant et se précipita chez lui pour transmettre ce message. Il collecta toute la nourriture, la chargea sur le dos de l'éléphant et revint en toute hâte à l'étang d'Atavisambhava. Voyant arriver son fils, Jalavahana ressentit une grande joie. Il prit les vivres que son fils apportait, les découpa et les jeta dans l'étang pour nourrir les dix mille poissons.

Il se dit soudain : “J'ai entendu qu'en d'autres temps, dans un lieu solitaire, un moine lisait les écritures du Grand Véhicule annonçant qu'au moment de la mort, ceux qui entendraient le nom du Tathagata Ratnashikhin naîtraient dans le règne de la félicité. Je vais exposer le profond enseignement sur la production dépendante à ces dix mille poissons et leur faire également entendre le nom du Tathagata, Arhat, Bouddha parfaitement accompli Ratnashikhin.

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A cette époque, sur le continent de Jambudvipa, deux types de vue s'étaient répandus : certains êtres adhéraient au Grand Véhicule et d'autres le rejetaient. Jalavahana, le fils du marchand, avança dans l'étang jusqu'à hauteur des genoux et déclara : “Je me prosterne devant le Vainqueur transcendant, le Tathagata, l'Arhat, le Bouddha parfaitement accompli Ratnashikhin qui, par le passé, alors qu'il accomplissait les actes d'un bodhisattva, dit la prière suivante : “Dans les dix directions, puisse la conscience de quiconque entendra mon nom au moment de la mort obtenir une migration heureuse dans un lieu tel que le domaine des Trente-trois.“

Jalavahana, le fils du marchand, poursuivit et exposa la Doctrine aux êtres nés sous forme animale : “C'est ainsi : parce que ceci existe, cela apparaît. Puisque ceci est né, cela naît. Ainsi donc, à cause de l'ignorance, les facteurs composés ; à cause des facteurs composés, la conscience individuelle ; à cause de la conscience individuelle, le nom et la forme ; à cause du nom et de la forme, les six sources ; à cause des six sources, le contact ; à cause du contact, les sensations ; à cause des sensations, la soif ; à cause de la soif, la saisie ; à cause de la saisie, l'existence ; à cause de l'existence, la naissance ; à cause de la naissance, le vieillissement et la mort, les peines, les lamentations, la souffrance, le mal-être et les émotions. Voilà la façon dont se crée cette montagne de souffrances. Ainsi donc, par la cessation de l'ignorance, la cessation des facteurs composés (et ainsi de suite jusqu'à) ; voilà la façon dont cesse cette montagne de souffrances.“

Déesse de la lignée, en cette occasion, à ce moment, Jalavahana, le fils du marchand, après avoir donné cet enseignement aux êtres nés dans le règne animal, retourna chez lui en compagnie de ses deux fils, Jalambara et Jalagarbha.

Plus tard, Jalavahana, le fils du marchand, de retour d'un grand banquet, était étendu sur son lit, dans un état d'ébriété. A cette occasion, à ce moment, un grand miracle se produisit. A la fin de cette nuit, au moment de mourir, les dix mille poissons prirent naissance chez les dieux du domaine fortuné des Trente- trois. “Quelle action vertueuse nous a donc fait renaître ici parmi les dieux du domaine des Trente-trois ?” se demandèrent-ils. Et ils se souvinrent : “Nous étions dix mille poissons dans le continent de Jambudvipa. Alors que nous vivions dans l'état animal, Jalavahana, le fils du marchand, nous a sauvés en nous donnant de l'eau en abondance et une excellente nourriture. Il nous a aussi enseigné la profonde doctrine de la production dépendante et a récité pour nous le nom du Tathagata, Arhat, Bouddha parfaitement accompli Ratnashikhin. Par cette cause vertueuse, nous sommes nés ici parmi les dieux. Allons maintenant chez Jalavahana, le fils du marchand, pour lui rendre hommage.”

Ces dix mille fils de dieux quittèrent alors le domaine des Trente-trois pour se présenter à la maison de Jalavahana, le fils du marchand, qui se trouvait alors allongé sur son lit. Les fils des dieux posèrent dix mille colliers de perles à sa tête, dix mille colliers de perles à ses pieds, dix mille colliers de perles à sa droite, dix mille colliers de perles à sa gauche. Ils déversèrent une ondée de fleurs mandaravas, couvrant le sol jusqu'à hauteur des genoux. Ils firent sonner de divines cymbales qui réveillèrent tous les habitants de Jambudvipa ainsi que Jalavahana, le fils du marchand.

S'élevant ensuite dans le ciel, les dix mille fils de dieux déversèrent une pluie de fleurs mandaravas sur le pays du roi Sureshvaraprabha et en divers

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endroits. Puis, ils se dirigèrent à l'étang d'Atavisambhava, y répandirent une immense pluie de fleurs mandaravas avant de disparaître. De retour au domaine céleste, avec une grande splendeur et beaucoup de bonheur, ils jouirent des divers plaisirs que procurent les cinq objets des sens.

Lorsque le jour se leva sur le continent de Jambudvipa, voyant que tous ces signes étaient apparus, le roi Sureshvaraprabha interrogea astrologues et ministres :

– Que s'est-il passé cette nuit ?

– Divine Majesté, répondirent les ministres, permettez-nous de vous apprendre que dans la maison de Jalavahana, le fils du marchand, quarante mille colliers de perles sont apparus et qu'une pluie de fleurs mandaravas s'est déversée.

– Ayez l'obligeance de faire venir Jalavahana, le fils du marchand, demanda le roi.

Astrologues et ministres se rendirent chez Jalavahana et, avec amabilité, lui adressèrent ces paroles :

– Le roi Sureshvaraprabha t'invite à le rencontrer.

Jalavahana, le fils du marchand, accompagné de ces hauts fonctionnaires se présenta devant le roi Sureshvaraprabha.

– Jalavahana, sais-tu pourquoi de telles manifestations se sont-elles produites pendant la nuit ?

Jalavahana, le fils du marchand, répondit alors au roi Sureshvaraprabha :

– Oui, Divine Majesté, je le sais. C'est certainement parce que dix mille poissons sont morts.

– Comment en es-tu sûr ? demanda le roi.

– Divine Majesté, demandez, je vous prie, à Jalambara d'aller vérifier si les dix mille poissons de l'étang sont morts ou vivants.

– Qu'il soit fait ainsi ! dit le roi. Jalavahana, le fils du commerçant, demanda alors à Jalambara : – Mon fils, va voir si les dix mille poissons de l'étang d'Atavisambhava sont

morts ou vivants. Jalambara fila jusqu'à l'étang d'Atavisambhava. A son arrivée, il vit que les

dix mille poissons avaient disparu et qu'une grande ondée de fleurs mandaravas s'était répandue. Il retourna auprès de son père et lui dit :

– Les poissons sont morts.

Entendant les mots de Jalambara, Jalavahana, le fils du marchand alla trouver le roi Sureshvaraprabha et lui raconta toute l'histoire.

– Divine Majesté, permettez-moi de vous apprendre que les dix mille poissons sont morts et qu'ils ont pris naissance dans le domaine céleste des Trente-trois. C'est par leur pouvoir que, pendant la nuit, ces signes auspicieux, comme les quarante mille colliers de perles de ma maison et la pluie de fleurs mandaravas, se sont produits.

Ainsi satisfait, le roi se réjouit.

Le Vainqueur transcendant s'adressa ensuite à la déesse de la lignée, Bodhisamuccaya :

– Déesse de la lignée, ne crois pas qu'à ce moment, en cette occasion, le roi nommé Sureshvaraprabha était une autre personne. Pourquoi cela ? Parce qu'à ce moment, en cette occasion, le Shakya Dandapani (le Puissant qui Tient le Gourdin) était le roi Sureshvaraprabha ; le roi Shuddhodana (Nourriture Pure)

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était le marchand nommé Jatimdhara ; j'étais Jalavahana, le fils du marchand ; Gopa (Celle qui se Nourrit de Terre), la fille des Shakya, était Jalambugarbha, l'épouse de Jalavahana ; Rahula était le fils Jalambara et Ananda était le fils Jalagarbha. Déesse de la lignée, ne crois pas qu'à ce moment, en cette occasion, les dix mille poissons étaient d'autres êtres. Pourquoi cela ? Parce qu'à ce moment, en cette occasion, ces dix mille fils de dieux, tels que Jvalanantaratejoraja, étaient les dix mille poissons à qui j'avais apporté de l'eau et une excellente nourriture, et à qui j'avais enseigné la profonde doctrine de la production dépendante et récité le nom du Tathagata, Arhat, Bouddha pleinement accompli Ratnashikhin.

Par cette action vertueuse, ils sont venus ici, devant moi, et ont alors obtenu la prophétie pour l'éveil insurpassable, parfait et pleinement accompli. Du fait d'avoir écouté la Doctrine avec respect, une grande joie, une félicité et un ravissement suprêmes, ils ont tous obtenu ce qu'on appelle “la prophétie du nom“.

Déesse de la lignée, ne crois pas qu'à ce moment, en cette occasion, la divinité de l'arbre était une autre personne. Pourquoi cela ? Parce qu'à ce moment, en cette occasion, tu étais la divinité de l'arbre.

Déesse de la lignée, ainsi, pendant que je tournais dans le cycle des existences, j'ai fait mûrir l'illumination en de nombreux êtres et, sache-le, tous ceux-ci obtiendront la prophétie de l'éveil insurpassable, parfait et pleinement accompli.

Ainsi s'achève “Comment Jalavahana a sauvé les poissons“ dix-septième chapitre de ce roi du recueil des soutras intitulé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 18 : L'offrande du corps à la tigresse

De surcroît, Déesse de la lignée, en tant que bodhisattva, je dus sacrifier jusqu'à mon propre corps pour le bien d'autrui. Cela se passa ainsi :

Par sa sagesse ininterrompue et son pouvoir éblouissant qui irradiaient sur terre et dans les cieux, des rayons lumineux vastes et immaculés aux centaines de qualités différentes, le Vainqueur transcendant, accompagné de mille moines, allait de district en district, dans la région des Panchalas. Il arriva dans un bois où se trouvait un pré d'herbe verte, doux et ombragé, couvert d'une grande variété de fleurs aux parfums suaves. Voyant cela, le Vainqueur transcendant dit à Ananda-le-Vivant :

– Ananda, ce bel endroit rassemble les conditions idéales pour y donner un sermon. Installe le siège du Tathagata.

Il prépara le siège ainsi que le lui avait demandé le Vainqueur transcendant, puis il s'adressa à lui en ces termes :

“Le siège est prêt. Sublime et souverain Vainqueur Qui accordez les accomplissements suprêmes et libérez des chaînes de l'existence, Prenez place et, pour le bien des hommes, Déversez le nectar sacré de votre parole.“

Le Vainqueur transcendant s'assit sur le siège et s'adressa aux moines : “Ô moines, souhaitez-vous voir les reliques d'un bodhisattva qui a accompli un acte difficile à réaliser ?“

Les moines répondirent au Vainqueur transcendant :

“ C'est le moment approprié pour que nous voyions les reliques De l'excellent sage, l'essence des êtres suprêmes, Doué d'innombrables qualités : intelligent, perspicace, joyeux, Patient, persévérant à l'extrême, calme, discipliné et radieux. Donnez-nous en la bonne explication !“

Alors, le Vainqueur transcendant, de sa main dont la paume est pourvue d'une roue à mille rayons, douce comme un lotus fraîchement épanoui, toucha la surface de la terre. A cet instant précis, la terre se mit à trembler de six façons et apparut un reliquaire fait de gemmes, d'or et d'argent.

Le Vainqueur transcendant s'adressa alors à Ananda-le-Vivant : – Ananda, ouvre ce stoupa. Suivant les instructions du Vainqueur transcendant, Ananda-le-Vivant ouvrit

le stoupa et vit qu'il abritait un reliquaire en or, enveloppé d'une couverture ornée d'or, de pierres précieuses et de perles. En le voyant, il dit au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, ceci est un reliquaire en or. – Il y a sept reliquaires. Ouvre-les tous ! lui dit le Vainqueur transcendant. Après les avoir tous ouverts, il s'aperçut qu'ils contenaient des ossements

blancs comme neige ou comme les nénuphars de cette couleur. Il dit alors au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, ce sont des ossements. – Ananda, dit le Vainqueur transcendant, apporte les reliques du grand être.

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Ananda-le-Vivant prit alors les reliques et les offrit au Vainqueur transcendant qui, les tenant dans la main, les montra aux moines et déclara :

“Ce sont les ossements d'un grand saint renommé pour ses suprêmes qualités - L'intelligence, la discipline, la concentration et la patience excellentes - Qui, à tous moments, œuvra pour l'éveil avec intelligence,

Joie et fermeté d'aspiration, toujours réjoui et généreux.“

Le Vainqueur transcendant dit ensuite aux moines : – Ô moines, rendez hommage aux reliques du bodhisattva, totalement

imprégnées d'éthique et de vertus, un suprême champ de mérites extrêmement difficile à voir.

Emplis de ferveur, les moines joignirent les mains et se prosternèrent devant les ossements. Mains jointes en signe de respect, Ananda-le-Vivant s'adressa ainsi au Vainqueur transcendant :

– Vainqueur transcendant, si le Tathagata qui s'est élevé au-dessus de tout ce qui concerne le monde mérite la vénération de tous les êtres, pourquoi offrir des prosternations à ces ossements et non au Tathagata lui-même ?

Le Vainqueur transcendant répondit alors à Ananda-le-Vivant :

– Ananda, grâce à ces ossements, j'ai rapidement obtenu l'Eveil insurpassable, parfait et pleinement accompli, l'état de parfait bouddha. Jadis, Ananda, dans des temps éloignés, vivait un grand roi nommé Maharatha (Grand Chariot) qui jouissait d'un immense pouvoir, possédait une importante cavalerie et anéantissait ses ennemis avec une force invincible. Il avait trois fils – Mahapranada (Grande Voix), Mahadeva (Grande Divinité) et Mahasattva (Grand Etre) – qui ressemblaient à de jeunes dieux.

Un jour que le roi était allé se divertir dans un parc, les jeunes princes, amoureux de la nature, se mirent à cueillir des fleurs et à courir ici et là. Oubliant leurs serviteurs, ils pénétrèrent au cœur de la grande forêt sauvage de Dvadashavanagulma.

Mahapranada appela alors ses frères : – Venez ! J'ai peur que nous mourions attaqués par des fauves. – Moi, je ne crains rien, répondit Mahadeva, sauf d'être séparé de ceux que

j'aime. Mahasattva déclara :

“Dans ce lieu solitaire dont les sages font l'éloge, Je n'ai aucune peur ; rien ne m'inquiète. Je crois pouvoir y trouver le bienfait absolu, extraordinaire, suprême. Mon cœur est empli de joie.“

Pendantquelesjeunesprincesparcouraientlaforêtde Dvadashavanagulma, ils virent une tigresse qui, sept jours auparavant, avait donné naissance à cinq petits. Ceux-ci, torturés par la faim et la soif, le corps décharné et impuissant, se blottissaient contre elle. Devant cette scène, Mahapranada s'exclama:

– Quelle tristesse ! Ce pauvre animal a dû mettre bas six ou sept jours plus tôt. S'il ne trouve pas à manger sur le champ, il va ou dévorer ses petits ou bien mourir de faim.

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– Que mangerait ce pauvre animal ? demanda Mahasattva.

– De la viande fraîche et du sang chaud. C'est la nourriture des tigres, des ours et des lions, répondit Mahapranada.

– Ce pauvre animal, tourmenté par la faim et la soif, n'en a plus pour longtemps à vivre. Il est si faible qu'il ne peut chercher pâture en ce lieu, rétorqua Mahadeva. Qui serait disposé à sacrifier son propre corps pour lui sauver la vie?

– Donner son corps est bien difficile ! s'exclama Mahapranada.

– Evidemment, fit Mahasattva, c'est difficile pour des gens comme nous qui avons l'esprit étroit et sommes très attachés au corps et à cette vie, mais, pour ces saints qui donneraient leur vie à autrui, cela ne présente aucune difficulté.

Et il déclara :

“Les êtres supérieurs qui naissent de l'amour et de la compassion, Préfèrent obtenir un corps ici sur terre, plutôt que dans les royaumes

célestes Et, pour sauver la vie d'autrui, l'esprit serein et joyeux, Ils donneraient leur corps des centaines de fois sans hésitation.“

Consternés, les jeunes princes, demeurèrent longtemps sans pouvoir quitter la tigresse des yeux, puis ils repartirent. Mahasattva pensa alors : “Le moment est venu d'offrir mon corps tout entier, car :

Il est éphémère et périssable. Il finira par se désagréger et pourrira. Pendant si longtemps, j'ai entretenu ce corps putride Avec aliments, boissons, vêtements, dans le luxe et le confort. Ne dévoilant jamais sa véritable nature, il est totalement inutile.

De plus, comme il n'y a rien à attendre de cet amas d'impuretés, je ne veux plus le nourrir, mais l'utiliser à bon escient. Qu'il devienne pour moi semblable à un navire me permettant de traverser l'océan de la naissance et de la mort. De surcroît, telle l'écume, le corps n'a aucune essence. Il contient des vers par centaines et se transforme en immondices. Si je me débarrasse de cet abcès empli d'urine et d'excréments, pendant des centaines d'existences, j'obtiendrai le Corps absolu qui embrasse tout et réunit des centaines de vertus, qui est pur et sans souffrance, sans changement, sans agrégats et sans souillure, qui contient des centaines de qualités, comme celle de la concentration.“

Fort de cette détermination, le cœur empli d'une suprême compassion, il se sépara de ses deux frères en leur disant :

– Rentrez, vous deux, moi je retourne dans la forêt de Dvadashavanagulma, car une intention particulière m'habite.

Et le jeune prince Mahasattva rebroussa chemin. Arrivé près de la tigresse, il posa ses vêtements sur une branche et formula cette prière :

“Pour le bien de tous les migrants, je désire obtenir la paix de l'incomparable éveil. Avec une sagesse et une compassion immuables, je veux sacrifier ce corps que l'on juge si difficile à donner.

Puissé-je sans tarder atteindre l'illumination parfaite et que les fils de Vainqueurs admirent. Puissé-je libérer les trois mondes du terrible océan de l'existence.“

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Puis, Mahasattva se jeta devant la tigresse qui resta impassible face au bodhisattva débordant d'amour. Il pensa alors : “La pauvre bête est si faible qu'elle ne peut même pas bouger.“ Mû par l'intelligence de la compassion, le bodhisattva se leva pour chercher une lame. N'en trouvant nulle part, il prit une tige de bambou centenaire, des plus robustes, se trancha la gorge et s'effondra devant la tigresse.

A l'instant même où le bodhisattva roulait au sol, la terre se mit à trembler de six manières, telle une embarcation au milieu de l'eau soulevée par la tempête. Le soleil, comme pendant une éclipse, cessa de briller. Des fleurs embaumant de parfums et d'encens célestes tombèrent du ciel. Emerveillée, une divinité célébra le bodhisattva :

“Etre intelligent et généreux, avec une compassion qui embrasse tous les êtres, Tu as ici offert ton corps. Aussi, sublime seigneur parmi les hommes, Sans délai et sans effort, tu obtiendras céans la pleine sérénité,

Le suprême état de paix, exempt des peines de la naissance et de la mort.“

La tigresse commença alors à lécher le sang qui se répandait sur le corps du bodhisattva et, en un instant, dévora sa chair, ne laissant que les os.

Lorsque Mahapranada entendit la terre trembler, il dit à Mahadeva :

“Jusqu'au fin fond des océans des dix directions, La terre a tremblé, la lumière du soleil s'est voilée, Une ondée de fleurs s'est répandue et mon cœur a tressailli. Je crains que mon frère ait livré son corps.“

Mahadeva ajouta :

“La cruauté de la tigresse Qui, torturée par la faim et la souffrance, S'apprêtait à dévorer ses propres petits, lui a inspiré une telle compassion Que, moi aussi, je le redoute.“

Abattus, les yeux emplis de larmes, les deux jeunes princes retournèrent sur leurs pas, jusqu'au lieu où se trouvait la tigresse. Ils virent les vêtements posés sur une branche, la tige de bambou, les os brisés et dispersés, tout maculés de sang, les cheveux épars. Ce spectacle leur fit perdre connaissance et ils s'effondrèrent sur la dépouille. Bien plus tard, recouvrant leurs esprits, ils se relevèrent et agitèrent les bras dans un cri d'angoisse :

“Pauvre frère adoré ! Le roi et notre mère Qui aimaient tant leur fils, Diront : “Où avez-vous laissé celui dont les yeux effilés ressemblent au lotus ?“ Et ils nous interrogeront sur notre jeune frère.

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Pauvres de nous deux qui, en ce magnifique lieu, Seraient mieux morts que vivants. Nous qui avons perdu Mahasattva, Comment allons-nous oser regarder nos parents ?“

Inconsolables, les deux jeunes princes marchaient, pleurant et se lamentant. Leurs serviteurs, partis à leur recherche, accoururent et les pressèrent de questions : “Où est le prince ? Qu'est-il devenu ?

Pendant ce temps, la reine endormie rêvait qu'elle se séparait d'un être cher, qu'on lui tranchait les seins et lui arrachait les dents. Tandis qu'elle tenait trois colombes craintives, un faucon emporta l'une d'elles. Lorsque la terre trembla, elle se réveilla le cœur en émoi. Ses pensées lui dirent :

“Pourquoi le support des êtres, dont les vêtements sont les océans, tremble-t-il si violemment ? Le soleil, qui a perdu ses rayons, reflète la tristesse qui habite mon cœur.

Mon corps m'accable, mes yeux s'égarent, ma poitrine semble vouloir se déchirer. Que la vertu accompagne mes fils partis dans le parc afin de se divertir !“

Pendant que ces pensées agitaient la reine, une suivante affolée entra et lui annonça :

– Majesté, les serviteurs, partis à la recherche des princes, disent que votre fils chéri a disparu.

A ces mots, le cœur de la reine chavira et ses yeux se remplirent de larmes. Elle alla aussitôt trouver le roi.

– Sire, je viens d'apprendre que notre fils adoré a disparu, dit-elle.

Effaré, le roi se lamenta : “Malheur ! Quelle tristesse ! Me voilà séparé de mon fils tant aimé !“

Pour la consoler, il dit à la reine : – Ne sois pas triste ! Je vais tout faire pour retrouver le prince. Et il réunit tous ses gens pour organiser une battue. Peu de temps s'était

écoulé lorsque le roi aperçut au loin les deux jeunes princes qui s'en venaient. Il s'écria :

“Les jeunes princes arrivent. Hélas, ils ne sont pas au complet ! Quelle douleur de savoir qu'il vous manque un fils ! La joie de retrouver un fils n'atteint jamais La tristesse de le perdre.

Comme ils sont chanceux ceux qui dans le monde ne possèdent pas de fils Ou meurent quand leurs enfants sont encore vivants.“

Accablée de détresse, la reine lança un insoutenable cri de douleur, tel une chamelle frappée aux entrailles.

“Si mes trois fils, accompagnés de leur escorte, 92

Ont pénétré dans la forêt parsemée de fleurs Pour en revenir sans le plus jeune, Où se trouve alors ce fils vertueux semblable à mon propre cœur ?“

Lorsque les deux fils arrivèrent près du roi, celui-ci les interrogea : – Où se trouve le cadet ? Accablés de tristesse, les yeux inondés de larmes, les jeunes princes

restèrent silencieux. Leur gorge, leurs lèvres, leur bouche, leurs dents semblaient paralysés. A son tour, la reine questionna :

“Où est mon petit ? Où est mon fils chéri ? Mon cœur est sur le point d'éclater, Mon corps souffre un insupportable tourment, Je ne peux même plus penser. Vite, répondez !“

Les deux jeunes princes racontèrent tout en détail, mais après avoir écouté leur récit, le roi et la reine s'évanouirent.

Dès qu'ils eurent recouvré leurs esprits, pleurant et se lamentant d'une voix nouée, le roi et la reine se rendirent sur les lieux. Lorsqu'ils virent les os sans chair, ni sang, ni organes et les cheveux épars, ils s'effondrèrent comme des arbres abattus par le vent. Serviteurs et ministres tentèrent de les ranimer, leur baignant le corps d'eau fraîche et d'essence de santal. Bien plus tard, quand le roi reprit conscience, il se leva et, d'une voix étranglée de douleur, prononça ces mots :

“Oh ! Charmant fils adoré, Pourquoi t'es-tu précipité dans les bras du Seigneur de la Mort ? Seigneur de la Mort, pourquoi n'es-tu pas d'abord venu pour moi ? Pour moi, il n'est pas pire souffrance que celle-là.“

La reine reprit également conscience. Toute ébouriffée, elle se frappait la poitrine à deux mains, se tordant au sol comme un poisson jeté hors de l'eau. Telle une bufflesse ayant perdu son petit ou une chamelle séparée de sa portée, elle s'écria d'une voix pitoyable :

“Oh ! Mon fils chéri, adorable lotus, Qui t'a terrassé et dispersé sur le sol ? Mon fils chéri, dont les yeux sont aussi beaux que la lune, Quel ennemi t'a ici anéanti ?

Oh ! Voyant mon excellent fils mort en ce lieu, Pourquoi mon corps ne se désagrège-t-il pas sur le champ ? Devant une telle souffrance, s'il n'éclate pas, C'est qu'il doit être en acier.

J'ai rêvé qu'une épée me tranchait les deux seins et qu'on m'arrachait les dents Et, aujourd'hui même, mon fils chéri a brusquement disparu. Comme le faucon s'emparant d'une des trois colombes que je portais,

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Le Seigneur de la Mort m'a pris l'un des trois fils qui m'accompagnaient. C'est là le fruit de ce mauvais rêve !“

D'une voix étranglée de douleur, le roi et la reine se lamentaient. En présence d'un grand nombre de personnes, ils retirèrent toutes leurs parures, en firent une offrande aux ossements et les laissèrent en ce lieu.

Ananda, ne crois pas qu'à ce moment, en cette occasion, le jeune prince nommé Mahasattva était une autre personne. Pourquoi cela ? Parce qu'à ce moment, en cette occasion, j'étais moi-même le jeune Mahasattva. Ananda, si, alors que je n'étais pas encore totalement libéré de l'attachement, de la colère et de l'ignorance, j'ai œuvré au bien de tous les êtres, allégeant notamment les souffrances des êtres des enfers, que dire alors de maintenant que j'ai atteint l'éveil parfait et pleinement accompli, exempt de toute imperfection ? Pour le bien de chaque être, je demeurerais avec joie dans les enfers pendant des éons afin de les libérer complètement de l'existence cyclique. Moi, l'essence des êtres, ai fait le bien de tous les migrants par de nombreux actes très difficiles à accomplir.

Le Vainqueur transcendant s'exprima ensuite en vers :

“Lorsque que je recherchais ardemment l'éveil suprême, Maintes fois, pendant de nombreux éons, j'ai offert mon corps. Alors que j'étais roi ou prince, Je l'ai ainsi pleinement donné.

Je me souviens de mes vies passées : Un roi nommé Maharatha était apparu Et avait un fils des plus généreux, Un saint, nommé Mahasattva.

Lui et ses deux frères, Mahapranada et Mahadeva, Pénétrèrent dans une épaisse forêt Où ils virent une tigresse tourmentée par la faim.

La compassion s'éleva chez l'être excellent : “Cette tigresse torturée par la faim et la soif S'apprête à manger ses propres petits ! Je veux lui offrir mon corps.“

Devant la tigresse affamée Et afin de sauver sa progéniture, Mahasattva, le fils de Maharatha, Par compassion, tomba sur le flanc de la montagne.

La terre trembla ainsi que les montagnes, Des nuées d'oiseaux s'envolèrent, Apeurés, les animaux de la forêt se dispersèrent Et le monde fut plongé dans les ténèbres.

Les deux frères

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Mahapranada et Mahadeva Parcoururent l'immense forêt Sans réussir à retrouver Mahasattva.

Le cœur accablé de désespoir, Désorientés, ils erraient dans la forêt A la recherche de leur frère, Fouillant les bosquets, le visage empli de larmes.

Lorsque les deux jeunes princes, Mahapranada et Mahadeva, Retournèrent là où gisait la tigresse affaiblie, En s'approchant,

Ils virent que la mère et ses petits Avaient la gueule ensanglantée Et que le sol à l'entour Etait jonché de cheveux, de fragments d'os Et de gouttes de sang.

Voyant ce lieu maculé, Les deux jeunes princes Perdirent connaissance Et demeurèrent ainsi évanouis, Le corps couvert de poussière, Privés de mémoire, en proie à des pensées confuses.

Affligés, abattus de tristesse, Les serviteurs en larmes, Les aspergèrent d'eau, Se lamentant en battant des bras.

Au moment où le bodhisattva tombait, La reine, mère de l'être tant chéri, Se trouvait à l'intérieur du palais, heureuse, En compagnie de cinq cent demoiselles.

De la pointe de ses deux mamelons Coulèrent du lait et du sang, Couvrant son corps et tous ses membres D'autant de douleur que si des aiguilles la piquaient.

Le cœur débordant de peine et de chagrin, Pressentant la perte son fils, Elle alla trouver le roi. Malheureuse et tourmentée,

En pleurs, la gorge nouée de sanglots, Elle dit au roi Maharatha :

“Sire, seigneur des hommes, écoutez-moi ! Les flammes du chagrin brûlent mon cœur.

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De la pointe de mes deux seins, Se répandent du lait et du sang. Des aiguilles semblent s'enfoncer dans tout mon corps Et mon cœur est prêt à éclater.

Un présage M'a annoncé que je ne reverrai pas mes fils chéris. Ô compatissant, je vous en supplie, contre ma vie, Retrouvez mes fils !

Aujourd'hui, en rêve, J'ai vu trois jeunes colombes, La plus jeune étant pour moi Si belle et adorable, Mais un faucon survint Et s'en empara.

Par ce rêve, La tristesse s'est installée en mon cœur, Mon esprit est accablé de douleur Et je vais bientôt perdre la vie. Ô compatissant, je vous en supplie, contre ma vie, Retrouvez mes fils !“

Après avoir prononcé de telles paroles, La reine s'effondra Inconsciente, elle n'avait plus Ni mémoire, ni facultés mentales.

Voyant la reine anéantie, Gisant inconsciente, Toutes ses demoiselles accoururent En pleurant et se lamentant

Atterré par la crainte d'avoir perdu son fils, Le roi convoqua immédiatement Les ministres, avec qui il partit A la recherche des jeunes princes.

Dans toute la ville, les gens Sortaient de chez eux en pleurant Et dans les rues, le visage en larmes, Demandaient des nouvelles du bodhisattva :

“ Est-il mort ? Est-il vivant ? Où est Mahasattva ? Reverrons-nous aujourd'hui Celui qui est si beau et si charmant ?“

Soudain, ils entendirent les désagréables échos, 96

Créations illusoires sans nombre, Qui, silencieusement ou par des sons féroces Se répandaient dans toute la région par le vent de la tristesse.

Le roi Maharatha se leva. Accablé de détresse, Versant des torrents de larmes Sur la reine inconsciente qui gisait à même le sol.

Il baigna [son visage] Jusqu'à ce qu'elle reprenne conscience. “Nos fils sont-ils vivants ou sont-ils morts ?“ Demanda-t-elle, dévastée.

Pour tranquilliser la reine, Le roi Maharatha répondit : “Ministres et suivants Sont partis à la recherche des princes.

Ne sois pas triste ! N'aie pas le cœur en peine !“ Ainsi, Maharatha, Consola la reine.

Puis, désemparé, le corps sans force, Il sortit du palais royal, Entouré d'un groupe de ministres, Tous pleurant de tristesse.

Des centaines de gens, Qui couraient en larmes, Quittèrent la grande ville Pour aller retrouver les princes. Voyant apparaître le roi,

Tous se joignirent à lui.

Lorsque Maharatha Eut quitté la ville, De ses yeux attristés, il scruta toutes les directions Dans l'espoir d'y apercevoir son fils chéri.

Il vit un homme qui approchait, La tête rasée et les membres ensanglantés, Le corps couvert de poussière Le visage inondé de larmes.

Une insupportable agonie Gagna le cœur de Maharatha. Il fondit en pleurs Et gesticula de douleur.

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Au loin, à toute hâte, Un autre ministre arriva. Il s'arrêta devant le roi Et s'adressa à lui:

“Seigneur des hommes, ne pleurez pas ! Vos fils chéris sont en vie. Sous peu, ici même, Vous verrez apparaître votre excellent fils adoré.“

Le roi avança sur le chemin. Un deuxième ministre arriva, Couvert de poussière et les vêtements maculés. Le visage en larmes, il dit au roi :

“Grand roi, tes deux fils sont en vie, Consumés par le feu du chagrin. Quant à Mahasattva – le meilleur d'entre eux – L'impermanence l'a emporté.

Devant une tigresse qui venait de mettre bas, Et s'apprêtait à manger ses petits, Le jeune Mahasattva Engendra l'esprit d'éveil imbu de grande compassion Et prononça cette sublime prière de souhait :

“Je libérerai tous les êtres vivants Et, au futur, actualiserai mon désir D'obtenir l'illumination vaste et profonde.“

Mahasattva tomba alors sur le versant de la montagne. Tiraillée par la faim, la tigresse se leva Et, en un instant, dépouilla le corps du prince de sa chair, Ne laissant que quelques os.“

Dévoré par un insoutenable brasier de tristesse, En entendant ces terribles paroles, Le roi Maharatha s'évanouit Tomba à terre et y demeura inconscient.

Ministres et suivants, la gorge nouée de sanglots, Pleuraient de tristesse Et l'aspergeaient d'eau tout en agitant les bras de douleur. Un troisième ministre dit au roi :

“Aujourd'hui, j'ai vu les deux jeunes gens, Inconscients dans la forêt, Gisant au sol, évanouis. Nous les avons aspergés d'eau

Jusqu'à ce qu'ils recouvrent leur sens et se relèvent. 98

Croyant que tout brûlait autour d'eux, Ils restèrent un moment debout pour retomber de nouveau Avec de pénibles lamentations. La gorge nouée de sanglots, Battant sans cesse des bras, Ils firent l'éloge de leur frère.“

Abattu, Terrassé par la tristesse d'avoir perdu son fils, Accablé de douleur, geignant horriblement, Le roi pensa :

“L'impermanence a emporté Mahasattva, mon tendre et adorable fils, Et les deux autres Se meurent, consumés par le feu du chagrin.

Vite ! Que j'aille là-bas, A la rencontre de ces deux fils chéris. Je leur donnerai une monture Qui les conduira promptement au palais royal de la cité.

Le cœur de la mère qui les a faits naître Risque d'éclater sous le feu du chagrin. Mais la vue de ses deux autres fils l'apaisera Et lui épargnera la vie.“

Escorté par un groupe de ministres, le roi Monta son éléphant et alla retrouver ses fils. Voyant les deux princes arriver sur le chemin, Il murmura le nom de leur frère d'une voix plaintive.

Le roi prit ses deux fils Et, en pleurant, les conduisit à la maison. Aussitôt, il s'empressa De les présenter à la reine.

Moi, le Tathagata Shakyamuni, Fus le fils du roi Maharatha, L'excellent Mahasattva Qui assouvit la tigresse.

Le seigneur des êtres, l'excellent Shuddhodana Etait le roi nommé Maharatha. L'excellente Maya était la reine, Maitreya était Mahapranadha

Et le jeune Manjushri Etait alors le prince Mahadeva. Mahaprajapati était la tigresse Et les cinq moines étaient ses petits.“

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Le roi Maharatha et la reine se lamentèrent de détresse, puis, retirant tous leurs ornements, en compagnie d'une grande foule, ils honorèrent les ossements de leur fils. Après avoir fait construire un reliquaire composé des sept pierres précieuses, ils enterrèrent les reliques de Mahasattva ici même.

En offrant son corps à la tigresse, Mahasattva avait formé cette prière :

“Par l'offrande de mon corps, faites que je puisse, dans le futur, pendant un nombre d'ères incalculables, accomplir les activités d'un bouddha, pour le bien de tous les êtres vivants.“

Pendant l'exposition de cet enseignement, un nombre incalculable d'êtres humains et divins engendrèrent l'esprit d'éveil sans égal, parfait et pleinement accompli. Ce stoupa est la cause et la condition de cet enseignement. Par la bénédiction des bouddhas, il demeure enterré en ce lieu.

Ainsi s'achève “l'Offrande du corps à la tigresse“ dix-huitième chapitre de ce roi du recueil des soutras intitulé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 19 : La louange de tous les bodhisattvas

Les centaines de milliers de bodhisattvas approchèrent alors du Tathagata Suvarnaratnakaracchatrakuta (Ombrelle Source d'Or et de Joyaux). Après s'être inclinés à ses pieds, ils se tinrent de côté et, mains jointes en signe de respect, les centaines de milliers de bodhisattvas entonnèrent cette louange au Tathagata :

Le corps du Vainqueur a la couleur de l'or fin. Pareil à la gigantesque montagne d'or, Il brille du même éclat que le précieux métal. Le Sage est un lotus blanc de couleur dorée.

Son corps est orné des marques suprêmes Et paré de tous les signes exemplaires. Magnifique, il brille comme la lumière dorée, Il est pur et paisible comme la reine des montagnes.

La voix du conquérant a le son du paon et du rossignol, L'intonation de Brahma aux accents mélodieux, Le rugissement du lion, le claquement du tonnerre, Les soixante types de sonorités, la pureté absolue.

Tel le Mont Sumeru, le Vainqueur possède toutes les qualités. Il resplendit d'une lumière parfaitement pure, Porte les marques de centaines de mérites, Est un océan de sagesse sublime immaculée.

Avec une compassion suprême, le Vainqueur fait le bien de tous les êtres, Il répand excellemment la félicité dans le monde, Expose le sens sacré

Et introduit les êtres à la félicité du nirvana.

Enseignant le nectar de la Doctrine, le Vainqueur Octroie la joie de l'immortalité. Parce qu'il est le lieu de la joie, la source de toute félicité, Il conduit tous les êtres à la cité de l'immortalité.

Le Vainqueur délivre les migrants de leurs peines, Libère les créatures de l'océan de souffrances, Les conduit excellemment sur le sentier de la paix Et leur confère toute les félicités.

Rien ne peut se comparer à vous, Océan de sagesse pourvu de toutes les vertus qui existent. Parmi les migrants et les dieux, personne ne peut, Même pendant des centaines de milliers de millions d'ères cosmiques,

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Montrer une seule goutte des qualités Issues de votre océan de vertus et de sagesse, De votre compassion pour tous ceux qui sont attachés à la vie, De la force de votre amour, de votre méthode et enthousiasme.

Je n'ai puisé qu'une petite goutte de cet océan de vertus Pour l'exposer, très brièvement, de cette façon. Par les mérites ainsi accumulés, Puissent les êtres atteindre l'éveil suprême.

Ainsi s'achève “la Louange de tous les bodhisattvas“ dix-neuvième chapitre de ce roi du recueil des soutras nommé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 20 : Louange à tous les tathagatas

Ensuite, le Bodhisattva Ruciraketu se leva ensuite de son siège ; remontant sa robe supérieure sur l'épaule, il plaça le genou droit au sol et, mains jointes en signe de respect pour le Vainqueur transcendant, prononça cette louange :

Sage, vous possédez les marques de centaines de mérites Et mille qualité glorieuses et belles vous parent. Splendide, votre apparence montre la paix suprême Avec un éclat qui semble irradier de mille soleils.

Vos innombrables rayons de lumière illuminent tout, Tel un joyau qui scintille de multiples couleurs : Bleu, blanc, doré, lapis lazuli, Ou comme la lumière cuivrée et cristalline de l'aube.

Vous dépassez le Mont Sumeru, la puissante montagne indestructible, Et éclairez des millions d'univers. Vous calmez les souffrances les plus terribles Et comblez les êtres d'une félicité suprême.

La clarté de votre teint et de votre corps est magnifique à voir, Votre beauté rend insatiable les créatures qui prennent plaisir à vous contempler. Vos poils luisent comme les couleurs du paon, Comme un lotus empli d'abeilles.

Les vertus d'une compassion immaculée sont vos ornements, Vous avez accumulé d'excellents mérites par la concentration et l'amour. Vous possédez les nobles signes exemplaires aux couleurs variées, Les attributs de l'absorption méditative et les aspects de l'éveil.

Vous donnez aide et satisfaction totales, Source de toute joie, vous octroyez la félicité, Possédez une multitude de vertus profondes, Apparaissez dans des millions d'univers.

La lumière qui vous pare a la splendeur du feu. Comme le disque solaire complet dans le ciel, Comme le Mont Sumeru pourvu de toutes les vertus, Vous brillez dans tous les mondes.

Blanc comme le yaourt, le nénuphar ou la lune, Vous avez la couleur de la neige, la blancheur parfaite. La guirlande de vos dents embellit votre visage Comme des oies royales dans le ciel.

Le contour de votre visage serein ressemble à la lune Avec, en son centre, une spirale qui s'enroule sur la droite.

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Ce cheveu de lapis lazuli irradiant une lumière blanche Est aussi beau que le soleil à son zénith.

Ainsi s'achève “Louange à tous les tathagatas“ vingtième chapitre de ce roi du recueil des soutras nommé “l'Excellente Lumière dorée“.

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Chapitre 21 : Conclusion

A ce moment, la déesse de la lignée, Bodhisamuccaya loua le Vainqueur transcendant par ces strophes :

Hommage au Bouddha, qui possède un esprit parfait, L'éloquence du pur Dharma, Un esprit libre de voies erronées, Un esprit pur qui connaît l'existence et la non-existence.

La splendeur du Bouddha est infinie, Elle ressemble à l'océan ou au Mont Sumeru. La sphère d'activité du Bouddha est illimitée, Extrêmement rare, aussi rare que la fleur udumbara.

Le Tathagata a tant de compassion. Pour avoir exprimé un soutra aussi excellent En vue d'aider tous les êtres, Il est un soleil parmi les hommes et le pinacle du clan des Shakya.

Le Tathagata, le Sage des Shakya, dont les sens sont si calmes, Excellemment calmes, réside dans la cité de la paix. En profond samadhi et en parfaite sérénité, Le Vainqueur demeure dans la sphère d'activités des bouddhas.

Le corps des auditeurs est vide, Le lieu où résident les meilleurs des bipèdes est également vide, Par nature, tous les phénomènes sont vides, Cependant, les êtres vivants ne perçoivent pas la vacuité du soi.

Sans cesse, je pense au Vainqueur, Sans cesse, je désespère de le voir Et, pour contempler le soleil du parfait Bouddha, Je prie à tous moments.

Le genou toujours posé au sol, Je suis consumée par la soif de voir le Vainqueur. D'une voix pitoyable, je pleure pour qu'il me guide. J'aspire ardemment à voir le Sugata.

Le feu de l'anxiété brûle constamment en moi, Je vous en prie, donnez-moi éternellement l'eau fraîche qui permet de vous contempler. J'ai une telle soif de voir votre corps, Abreuvez-moi, je vous en prie, de votre compassion.

Vous qui protégez les migrants, y compris les dieux, Guide, je vous prie, ayez pitié de moi ! Permettez-moi d'apercevoir votre corps de paix

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Et de découvrir ainsi que le corps des auditeurs est vide.

Par nature, les êtres sont comme un rêve ; Comme le ciel, ils ont l'espace pour nature ; Ils ressemblent à une illusion, un mirage, le reflet de la lune sur l'eau ; Guide, vous possédez la grande vacuité.

Le Vainqueur transcendant se leva alors de son siège, s'exclamant avec la voix mélodieuse de Brahma, il dit : “Excellent, déesse de la lignée ! Tu es excellente !“

Après que le Vainqueur transcendant eut ainsi parlé, la déesse de la lignée Bodhisamuccaya, la grande divinité Sarasvati et toutes les filles des dieux, la grande divinité Shri et les assemblées de déesses, Vaishravana et autres rois divins, l'entière assemblée et le monde avec ses dieux, hommes, dieux jaloux et mangeurs d'odeurs se réjouirent et louèrent les paroles du Vainqueur transcendant.

Ainsi s'achève “la Conclusion“, vingt et unième chapitre de ce roi du recueil des soutras nommé “l'Excellente Lumière dorée“.

Traduit par C. Charrier à partir du texte tibétain phags pa gser ’od dam pa mdo sde’i dbang po’i rgyal po qui figure dans le volume pha de la collection rgyud.’bum du Kangyur. La traduction anglaise du texte sanscrit par le Professeur R. E. Emmerick (publiée par The Pali Text Society, Oxford, 2001) ainsi que la traduction espagnole du même texte tibétain par le Vénérable Champa Shénpèn (diffusée par le site internet du FPMT) m'ont permis d'éviter certaines erreurs ou de confirmer certains choix. Je les remercie de l'aide que leur travail m'a apporté. Merci également aux personnes qui ont bien voulu relire cette traduction.

Toutes les erreurs sont miennes. © FPMT Inc., 2006.